LIvre couleur à couverture rigide de 356 pages.
Cette troisième itération du supplément Chicago by night présente la ville et, en construisant sur l'acquis des éditions précédentes, décrit la ville au XXIe siècle, pour la cinquième édition de Vampire la mascarade. Comme c'est souvent la norme dans les suppléments pour Vampire, la présentation de la ville est faite majoritairement au travers de divers textes rédigés de manière intradiégétique, et donc subjectifs.
Après les crédits et le sommaire (6 pages), Introduction (14 pages) résume brièvement chaque chapitre de l'ouvrage et se termine par deux nouvelles d'ambiance.
Le premier chapitre (The Wolrd of Chicago, 18 pages) présente, au travers de divers témoignages, l'histoire vampirique de la ville de Chicago et son statut actuel. Par rapport la première édition les deux grands changements sont les conséquences de l'attaque de la ville par les Lupins et l'Appel qui fait partir vers l'Orient les vampires les plus anciens. Ainsi la lutte entre Hélène et Ménélas, deux puissants anciens vampires luttant pour le contrôle de la ville, s'est terminée avec le départ de Ménélas laissant Hélène en ville affaiblie par sa lutte pour l'Appel. Le prince actuel de la ville, qui est toujours sous le contrôle de la Camarilla, est Kevin Jackson, un Ventrue de huitième génération né en 1964 et devenu vampire en 1984.
Le second chapitre (Welcome to the Night, 8 pages) décrit l’enjeu principal de la politique vampire de Chicago à l'heure acctuel : les négociations pour permettre au clan Lasombra de rejoindre la Camarilla.
Le troisième chapitre (The City, 32 pages) s’intéresse à la ville de Chicago elle-même. Après une discussion sur la Chicago du Monde des Ténèbres, le chapitre présente chaque quartier de la ville avec ses lieux d'importances, et les coteries ou clans qui y ont de l'influence.
Le quatrième chapitre (Kindreds of Chicago, 152 pages) présente en détail, classé par clan, les différents vampires ayant de l'importance dans les jeux et manipulations politique de la ville. Une cinquantaine de vampires sont ainsi décrits en détail avec leurs données techniques.
Le cinquième chapitre (Coteries, 58 pages) propose six coteries dont les actions ont de l'importance dans la ville. Elles sont présentées en détail avec la carte des relations. Ce chapitre se termine avec quelques règles supplémentaires pour les coteries : utilisation des historiques de coteries par ses membres, dettes de coteries et cinq nouveaux types de coteries. Une vingtaine de nouvelles sagas en lien avec Chicago sont également proposées
Le sixième chapitre (Lasombra, 8 pages) donne les information nécessaire pour pouvoir créer un vampire appartenant au clan Lassombra. Elles sont présentées de la même manière que dans le livre de base. La présentation de la discipline obtenebration (Oblivion) clôt se chapitre.
Le septième chapitre (Chicago Chronicles, 16 pages) propose des synopsis d'aventure classé par thème. Ces synopsis présentent succèssivement ce qui se passe, ce qui pourrait se passer, et qui des vampires de Chicago est le plus impliqué. Les thèmes sont : la Bête, Frénésie, Hiérarchie, Humanité, Faim, et Vous êtes ce que vous mangez.
Le huitième chapitre (The Sacrifice, 35 pages) est un scénario en sept parties permettant de faire jouer les négociations pour l'entrée du clan Lasombra dans la Camarilla. Les actions des joueurs pouvant déterminer le résultat des négociations
Un appendice (Appendix, 7 pages) propose plusieurs tableaux d'événements pouvant se passer dans la ville de manière aléatoire selon différents lieux et groupes sociaux. Chaque événement a une issue positive et négative.
Cette fiche a été rédigée le 22 septembre 2022. Dernière mise à jour le 3 octobre 2022.
Bien qu’on soit loin du million de certains JdR, le Kickstarter de Chicago by Night a récolté la somme, coquette pour un « simple » supplément de contexte, de 119 000$, soit presque 3 fois son objectif initial. Et cela se voit dans la qualité du produit fini.
J’ose le superlatif : CbN V5 est sans doute le meilleur de tous les By Night, en tout cas le plus abouti de la licence Vampire toutes éditions confondues. On est face à une véritable encyclopédie urbaine de 350 pages qui fourmille de personnages, de lieux et de lore. Au fil d’une écriture très agréable, on retrouve avec délectation le nid de vipères fait d’intrigues qu’a toujours été cette ville sous son apparence de « joyau de la Camarilla » : même si beaucoup de visages de caïnites ont été renouvelés, une certaine âme n’a pas changé et on s’en réjouit.
C’est aussi pour moi le plus beau bouquin de la gamme V5 jusqu’à présent. Chicago évite de retomber dans les problèmes de disparité visuelle (certains diront les fautes de goût) du livre de base V5 en étant aussi moins flashy, comme en témoigne la couverture sobre mais superbe qui fait écho aux éditions précédentes. On ne retrouve pas de photos mais quasi exclusivement de l’illustration de la meilleure facture. L’utilisation de la couleur et la patte de chaque artiste (un par par clan) pour les portraits des PNJ rendent le tout limpide et extrêmement plaisant à lire d’autant que la maquette est un presque sans faute.
Mon seul bémol sur la forme concerne la cartographie et l’explication des zones de la cité. Chicago est une mégalopole tellement étalée qu’on se perd dans ses descriptions et il est difficile de situer les sous-cartes fournies, entre elles et par rapport à la carte principale. Un certain nombre de noms de rues et quartiers sont évoqués dans le texte mais notés nulle part sur les plans ; il faut alors prendre son Google Maps et essayer de recoller les morceaux. On n’est pas aidé par les appellations locales trompeuses : l’East Village est au nord-ouest, et différent de l’East Side, située au… sud-ouest, bien en-dehors de la carte principale. Il y a fort à parier que le public visé est nord-américain et connait déjà au moins superficiellement tout cela, mais un peu plus de clarté pour nous autres pauvres Européens aurait été apprécié, ou au moins un focus sur des zones centrales facilement identifiables.
Ceci posé, on est là pour jouer à Vampire : quel genre d’histoires Chicago by Night propose-t-il de conter ?
Conformément à la nouvelle orientation de la 5ème édition, le départ vers l’Est de certains des immortels les plus puissants donne de facto plus d’opportunités et plus de liberté à des coteries de PJ auparavant volontiers balottées selon le bon vouloir des Anciens ou Mathusalems légendaires de la cité. Pour moi, s’être libéré de ce joug qui pouvait aussi être pesant pour les joueur.euses (va faire les courses pour le Prince, va masser les pieds de l’Ancien…) est une bonne chose. Du moins, sur le papier. Car première déception : on ne peut pas dire que les nouvelles pistes scénaristiques proposées un peu partout recèlent de quoi grimper les échelons, participer à des révolutions ou secouer le marronnier du pouvoir de la Camarilla chicagolaise (naise ? taise ?) en place.
Les sections « Plots and Schemes » de chaque PNJ présentent des conflits larvés mais offrent rarement des rivalités frontales à même d’embraser une zone dans lesquels les PJ pourraient s’engouffrer et prendre position. Cela tient à l’aspect omnipotent de la Camarilla, présentée comme une chappe de plomb au-dessus d'une marmite qui ronronne un peu trop à mon goût, à des Anarchs que j’ai trouvés fadouilles mais aussi à la relative sagesse des membres des clans secondaires (Ministère, Banu Haqim, Lasombra…) qui sont dans l’antichambre de la Tour d’Ivoire et ne veulent surtout pas de vagues en attendant d’y rentrer. En fait, rares sont les vampires de Chicago qui auraient un intérêt à embaucher les PJ ou s’en faire des ennemis si on se fie simplement à leur description de personnage.
Le chapitre « Chronicles » s’avère lui plus fourni en opportunités narratives tout en restant beaucoup au niveau nuit-par-nuit et relations interpersonnelles entre caïnites et humains. Là encore, c’est raccord avec les thématiques de la V5. On pourra glaner quelques alliés, quelques ennemis et mettre au défi la moralité et la psychologie des PJ, mais les amorces d’histoire qui mettent en scène des événements de plus grande ampleur dans la ville sont quasi inexistantes. Plus problématique, certains autres départs d’intrigues font artificiel et le tout n’est pas du meilleur tonneau. On regrettera notamment le nombre d’accroches génériques qui auraient pu se passer dans n’importe quelle autre ville que Chicago - ses quartiers et lieux emblématiques auraient mérité d’être bien mieux exploités, ne serait-ce qu’en décor de fond, mais c’est une faiblesse constante à travers le livre. A déplorer aussi le manque de leviers fournis pour embarquer les PJs dans des histoires de façon personnelle et engageante. En bref, un chapitre un ton au-dessous du reste du livre et même des « Rencontres » de la v1, peut-être à cause d’un manque de temps ou d’auteurs moins inspirés ?
Quant au scénario du dernier chapitre, il s’avère assez dirigiste, enfermé dans un cadre camarillesque ; un groupe qui déciderait de ne pas obéir au Prince risque de finir rapidement hors script.
Tout cela mis bout à bout fait que le Conteur devra chausser ses grosses lunettes de lecture et préparer le café pour extirper de Chicago by Night une chronique jouable. Cette difficulté déjà présente dans les éditions précédentes est fort accentuée par les 150 pages de plus que compte cette mouture.
- Si le meneur choisit de partir sur un bac à sable, j’ai du mal à voir comment il pourra s’épargner la revue, si ce n’est la mémorisation, de l’intégralité des PNJ et coteries de la ville. En effet le livre expose une masse d’informations considérable mais n’offre pas beaucoup de bouts par lesquels commencer à dérouler la partie de la pelote qui nous intéresse.
- S’il veut au contraire créer son propre scénario plus étroit et linéaire en campagne ou one-shot, le chapitre amorces d’histoires fournit à mon avis une matière trop légère pour être exploitable telle quelle. Le problème devient donc rapidement le même.
Le scénario de CbN reste alors sans doute la solution de repli la plus satisfaisante pour ne pas passer des dizaines d’heures en préparation. Sur rails, certes, il offre tout de même une perspective intéressante sur le renouveau de la Camarilla, le conservatisme et l’entrisme, la démocratie et le despotisme (oui, oui). En prêt-à-l’emploi, c’est surtout ce qui se rapproche le plus d’une expérience à fort enjeu où les joueur.euses auront l’opportunité d’influer -un peu - sur le cours de l’histoire de la ville. (Il y a bien le supplément Let the Streets Run Red, mais à mon grand regret celui-ci ne se déroule pas à Chicago à part un scénario qui implique surtout des humains.)
Pour
Contre
Pour terminer, un 4/5 qui ressemble davantage à un très sympathique 15/20 pour moi. Tout ce que vous voulez savoir sur Chicago est là et plus encore, mais Onyx Path n’aide en rien le Conteur à extraire de cette mine d’or l’information utile pour construire rapidement autour d’un thème, d’un lieu, d’une situation prête à éclater. Il aura donc du pain sur la planche pour mettre sur pied une chronique à son goût. Si avaler des hectopages en anglais ne vous fait pas peur, foncez, sinon vous pouvez toujours tout contourner et prendre le scénario de fin de bouquin comme honnête point de départ à moindre effort.
Critique écrite en mars 2023.
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