Pochette écran en couleurs, 1 feuillet de 16 pages, 2 carnets à spirales de 48 pages.
Liberté est une campagne se déroulant dans l'univers de Dark Sun. Elle mêle les personnages à un des plus grands événements d'Athas. La campagne se situe entièrement dans la cité-état de Tyr où le Roi-Sorcier Kalak construit à la sueur d'esclaves toujours plus nombreux un énorme ziggourat.
La trame de la campagne est la suivante : suite à un incident, les personnages sont réduits en esclavage. Ils sont affectés à la construction du ziggourat. Baignés dans une ambiance carcérale de camp de travail, ils sont amenés à avoir des contacts avec des groupes de résistants. Ceux-ci ont des informations quant à la cérémonie d'inauguration du monument qui doit servir un terrible dessein de Kalak.
Kalak organise les plus grands jeux d'arène jamais donnés à Tyr à cette occasion. Une fois le ziggourat achevé, les personnages vont se retrouver spectateurs ou acteurs de ces jeux. Ils vont ainsi participer activement à l'empêchement des noirs objectifs du Roi-Sorcier et à son renversement.
La présentation de la campagne se fait en trois fascicules : un feuillet et 2 carnets à spirales. Le feuillet est une nouvelle introductive. Le premier carnet est destiné aux joueurs et comprend des explications, des plans et surtout des illustrations. Le second carnet destiné au Maître contient l'intrigue en elle-même.
Cette fiche a été rédigée entre le 8 mai 2000 et le 8 mai 2009.
Liberté ou Freedom en VO reprend un thème cher aux péplums hollywoodiens de l'après-guerre : Spartacus, ou l'esclave vers la Liberté. Ce thème n'est rien d'autre que celui qui anime le premier opus de la Pentalogie du Prisme, roman de référence de Dark Sun.
On apprécie donc le charme des travaux forcés, des matons aigris et vicieux, des tentatives d'évasion difficiles et des flagellations à mort. En outre, le scénario est construit en séquences qui sont autant de possibilités d'interactions à mélanger avec adresse pour dépayser les joueurs des trames linéaires.
Un scénario sympathique, point trop long, qui donne une bonne idée, de la rude vie qui attend les personnages dans l'univers de Dark Sun.
Je n'ai pas du tout aimé ce supplément pour deux raisons:
- L'ambiance entière du scénario : très lourde, et linéaire. Poser des briques sous le soleil, combattre et suer dans l'arène... Pour moi ces phases ne devraient durer que quelques temps dans un scénario alors qu'elles en constituent ici l'essentiel. Mais bon sur ce point on aime ou on aime pas, moi je préfère quand les Pj sont libres d'agir comme ils le souhaitent et qu'ils ne se fassent pas emprisonner dès le début du scénario...
- Les Pj sont des seconds couteaux. Ce point est par contre scandaleux. Lorsque j'achète un scénario de Jdr, surtout dans un monde barbare comme Dark Sun je veux de l'épique, et des PJs Héros.. Ici, l'action ultime du scénario est effectuée par le héros des romans, parce que le scénario (et les quatre tomes de la campagne) est tiré de la Pentalogie du Prisme. Les PJs tout au long de la campagne ne font que suivre les vrais héros, ceux des romans. Cette vision d'un scénario est pour moi à bannir.
L'événement qui sert de toile de fond à ce scénario constitue un moment fort de l'univers de Dark Sun : la tentative d'un roi-sorcier de se transformer en dragon, et la révolution qui va transformer Tyr en la première cité libre d'Athas. Cette toile de fond est vraiment excellente et permet aux personnages de toucher l'Histoire du monde avec un grand H.
Néanmoins, le scénario me semble décevant. Le côté "carcéral" et le fait de jouer les seconds rôles, non je dirais même les troisièmes rôles, ne sont pas particulièrement passionnants.
Personnellement, j'ai utilisé les événements décrits en mettant les personnages au coeur de l'action, le scénario constituant le point d'orgue de la première partie de ma campagne.
Sinon, j'apprécie bien le système de carnets, surtout pour les illustrations à montrer en cours de jeu sans texte autour, c'est pratique et ça stimule l'imagination.
Liberté, pour le peu que j’en savais en fouinant ici ou là, n’a pas très bonne réputation. Je l’ai lu néanmoins, sans trop savoir si j’y cherchais un scénario vraiment utilisable, ou l’équivalent scénaristique d’une boussole indiquant le sud. Et, en définitive… ben je ne l’ai pas trouvé si mauvais que ça. Je suis même convaincu qu’il y a des choses à en tirer, même si cela peut impliquer de retravailler la chose. Je vais tâcher de vous dire pourquoi… mais pour cela il va me falloir SPOILER comme un porc – vous êtes prévenus.
Liberté adopte une forme particulière, reprenant celle d’Un brin de savoir…, le calamiteux scénario d'introduction de La Boîte de Dark Sun. Il se présente sous la forme d’un fourreau, avec dans son rabat des caractéristiques de PNJ génériques, et contenant deux carnets à spirales, un Carnet du Maître de Jeu détaillant le scénario à proprement parler (une introduction et six parties), et un Carnet des Joueurs (avec une introduction consistant en une visite guidée de la cité-État de Tyr, beaucoup d’illustrations – généralement assez moches… –, quelques plans, de rares aides de jeu d’un autre ordre, et enfin des personnages prétirés), ainsi qu’un livret de 16 pages, Chaînes, essentiellement constitué d’une très mauvaise nouvelle horriblement mal écrite (et qui développe des éléments essentiels du scénario, ne pas la lire en premier lieu et ne pas laisser les joueurs tenter la lecture du machin), complétée par quelques portraits de PNJ pouvant intervenir dans le cadre de l’aventure.
Le thème essentiel de Liberté est très commun, et son titre éloquent : dans la décadente cité-État de Tyr, les joueurs vont être amenés à participer à une révolte d’esclaves, façon Spartacus. Mais cet événement majeur se produit en parallèle d’un autre : la mort du roi-sorcier Kalak, suite à un complot ourdi notamment par Tithian, un de ses principaux arkhontes, et ce alors même qu’il exécutait un rituel magique particulièrement odieux, vampirisant la force vitale des esclaves et citoyens de la ville via sa ziggourat tout juste achevée…
Et c’est en fait là ce qui peut poser problème : j’ai lu plusieurs retours se montrant très critiques, voire scandalisés, par le fait que les personnages, à bien des égards, assistent à cet événement capital, sans y participer vraiment ; ils sont (au mieux) des seconds rôles, chose qui en agace plus d’un… Mais pas moi. En fait, je trouve ça parfaitement cohérent et pertinent, et d’autant plus que les personnages sont des débutants : il serait absurde à mes yeux de leur confier un rôle décisif dans cette situation qui les dépasse forcément (d’autant plus qu’ils sont esclaves, d’ailleurs). Mais ils ne sont pas de simples spectateurs : ils ont bien des choses à faire en parallèle, qui devraient normalement atténuer la frustration de ne pas être tout le temps au centre de l’action (ou d’être les seuls à briller par leurs supposés hauts faits). Personnellement, j’aime bien cette idée que le monde évolue et vit sa propre histoire au-delà des seules actions des joueurs, régulièrement dépassés, et suis convaincu qu’il y a là bien des choses à faire, et matière à une bonne histoire.
Ce qui me gêne, moi, à cet égard, est d’un autre ordre. Un bouleversement d’une telle ampleur dès le tout début d’une campagne (car Liberté a bien des accents d’introduction - le reste de la gamme le confirme), ça me laisse un peu sceptique, mais pourquoi pas ? Par contre, j’ai l’impression que tout cela est bien trop facile pour les comploteurs : Kalak est un puissant roi-sorcier, âgé de plus de mille ans, je trouve assez peu probable qu’il crève comme ça, paf… Et je m’interroge aussi sur les conséquences de cet événement : l’arkhonte Tithian, à l’origine du complot, et qui succède en toute logique à Kalak, donne en effet l’impression d’être un « gentil »… Il libère tous les esclaves (ou l’annonce, en tout cas), et semble garantir une nouvelle ère pour Tyr, ainsi débarrassée de son roi-sorcier tyrannique. Autant de choses qui me paraissent peu compatibles avec un profil d’arkhonte, et avec la logique d’Athas. Mais il faut probablement voir ce qui en est fait plus tard…
En l’état, cependant, Liberté peut poser d’autres problèmes. La première partie consiste en pistes alternatives (plus ou moins satisfaisantes… la meilleure est probablement celle qui fait intervenir l’Alliance Voilée) destinées à « justifier » (pas plus que ça, certes) la capture des PJ afin qu’ils deviennent des esclaves, travaillant à l’achèvement (pour bientôt) de la ziggourat de Kalak ; du coup, il y a une nette impression d’arbitraire – celui des arkhontes comme celui du MJ.
Les PJ deviennent donc des esclaves ; le travail répétitif et exténuant sur le chantier de la ziggourat (avec plein de pertes temporaires de Constitution à la clef, dont je crains qu’elles soient vite fatales pour les personnages les moins « physiques »…) est complété, là encore, par des scènes alternatives (mais qui, là encore, peuvent se cumuler), destinées tant à poser l’ambiance qu’à créer des liens avec des PNJ éventuellement fort serviables (mais il y a aussi des antagonistes, comme de juste). Et tout ça me paraît assez intéressant ; ce n’est sans doute pas très évident à gérer, mais il y a vraiment de quoi faire, à condition de bien travailler l’atmosphère, au travers des diverses rencontres et rumeurs, assaisonnées de dilemmes moraux (j’avais lu une critique disant que, parce que les personnages étaient des esclaves sur un chantier, cette partie se montrait nécessairement linéaire et répétitive, mais, à la simple lecture en tout cas, je n’ai vraiment pas cette impression).
La suite est plus resserrée dans le temps : on en arrive finalement aux jeux monumentaux destinés à célébrer l’achèvement des travaux, auxquels tous les esclaves sont invités en tant que spectateurs (ultime ruse de Kalak pour son rituel…), même s’il n’est pas exclu, en fonction des événements précédents, que certains PJ brillent dans l’arène en tant que gladiateurs…
Et soudain, tout va très vite (et de manière assez confuse, mais j’imagine que c’est dans l’ordre des choses) : Kalak est empalé par un gladiateur alors qu’il exécute son rituel et que les portes de l’arène sont fermées. La foule des esclaves, incontrôlable et paniquée, cherche sans trop savoir comment à quitter ce piège mortel, éventuellement en lynchant au passage quelques nobles ou arkhontes – ça fait toujours plaisir. Et les PJ, ici, ont bel et bien un rôle à jouer : s’ils ne sont pas au premier plan des événements déclencheurs, ils peuvent néanmoins, et peut-être doivent, se poser en leaders informels de cette émeute (plutôt que d’une insurrection ou rébellion à proprement parler) ; il s’agit de guider autant que faire se peut la foule jusqu’à une hypothétique sortie, en éliminant au passage les quelques arkhontes qui entendent toujours faire leur sale boulot, souvent accompagnés de gardes demi-géants… Là encore, il faut sans doute travailler l’ambiance, pour bien rendre l’hystérie collective et assurer un cadre de choix aux divers combats émaillant cette apothéose.
Certes, quoi que fassent les PJ, la situation finale sera peu ou prou la même (et c’est visiblement ce qui a gêné plus d’un lecteur de la chose) : Kalak meurt, son rituel échoue (même s’il a tué plus d’un spectateur des jeux, en commençant par les plus jeunes et les plus vieux, qui tombent comme des mouches), et Tithian prend le pouvoir, en annonçant qu’il libère tous les esclaves et qu’il n’y aura plus d’esclaves à Tyr. Ce qui peut offrir pas mal de pistes pour la suite des événements, dans une atmosphère probable de chaos urbain au sein de la cité – et je vois bien quelques arkhontes tondus à l’occasion de cette Libération… –, ou par rapport aux domaines ruraux fortifiés dans lesquels les nobles apeurés ne manqueront pas de se réfugier… Quant aux conséquences politiques à long terme, par rapport aux autres cités-États bien sûr, mais il faut sans doute également prendre en compte les tribus-esclaves, elles sont incalculables pour le moment, mais riches de potentiel… Ceci, bien sûr, si Tithian ne ment pas, hein.
Du coup, Liberté ne me paraît pas si mauvais que ça ; loin de là, en fait. Je craignais le pire en entamant ma lecture, et du coup c’est plutôt une bonne surprise, à mes yeux en tout cas. Je ne garantis certes pas de l’utiliser, mais ce scénario peut offrir matière à réflexion, et au fond je ne lui en demandais pas davantage…
Critique écrite en octobre 2015.
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