Une enfance mouvementée
Abandonné à l’âge de 4 ans sur une aire d’autoroute, je suis recueilli et élevé par des loups. Nous vivons de petites rapines et d’attaques surprises sur des touristes égarés. C’est durant un de ces raids (sur un camping-car assez tape-à-l’œil) que je mets la main pour la première fois sur un jeu de rôle : Terres de Légende. Ces exemplaires maculés de sang seront ma bible de chevet durant toute mon enfance : ils me plongent dans un univers de fantasy où je m’évade d’un quotidien difficile et sauvage. Mais ces fictions me donnent un peu trop confiance en moi, si bien que je défie le mâle alpha pour devenir chef de la meute. J’essuie une cuisante défaite et dois quitter ma famille lupine. A l’âge de 13 ans, je tente ma chance à la capitale.
Welcome to the jungle
Arrivé à Paris, les premiers temps sont durs et je vis de petits trafics (principalement des magnétoscopes et du guacamole, très recherchés à l’époque). Mais je continue à rêver en regardant les couvertures de jeux de rôle des années 90. J’arrive à économiser suffisamment pour m’acheter Warhammer et fais du chantage à plusieurs geeks chétifs et mal dans leur peau acnéique pour qu’ils me servent de joueurs. Eux aussi deviennent accros, et nous nous lançons dans de multiples parties : AD&D, Vampire, AD&D, Thoan, Mutant Chronicles, AD&D, Bloodlust, Nightprowler, Bitume... et AD&D aussi. Nous jouons souvent et nous pensons faire de superbes parties alors qu’elles sont minables. Je commence à proposer mes propres règles, mes propres jeux, mais ils sont rejetés sèchement par ce groupe. Je fomente alors ma vengeance, et j’embauche des hommes de main yougoslaves pour qu’ils me débarrassent de ces geeks arrogants. L’affaire est vite réglée, et je peux enfin voler de mes propres ailes et écrire mes jeux sans avoir à subir leurs critiques injustes. Je lève le poing en l’air et m’exclame « Je serai Croc ou je ne serai rien ! ».
De l’écriture
Je me rends alors compte qu’écrire un jeu représente beaucoup de travail. C’est un processus long où il faut être précis et rigoureux : une tannée. Cela n’a rien à voir avec l’idée que je me faisais du boulot d’auteur de jeu (un type qui écrit au fil de la plume et de son inspiration intarissable) et cela ressemble davantage à un boulot de gratte-papier dans un service administratif où tout doit être parfait, équilibré et sans faute. Mais je m’accroche, et finis par écrire (en quelques années de travail ingrat et fastidieux) Brigandyne, puis Sherwood, DeepSyx et FACES. Tous ces jeux sont écrits dans un seul et unique but : devenir riche à millions pour financer une expédition et partir à la recherche du Singe de Jade. Cet artefact mystique perdu dans la jungle amazonienne pourrait selon la légende conférer à son possesseur des capacités exceptionnelles comme connaître par cœur toutes les tables de Rolemaster, écrire des scénarios « ni trop linéaires ni trop bac-à-sable aussi bien pour les débutants que les vétérans », et trouver une définition du jeu de rôle qui met tout le monde d’accord. Souhaitez-moi bonne chance (août 2020).
Pour en savoir plus :
Cette bio a été rédigée le 5 mars 2015. Dernière mise à jour le 8 août 2020.