J'ai découvert le jdr par le biais des livres dont vous êtes le héros, dont les couvertures et l'intitulé avaient sérieusement interpelé le gamin que j'étais au milieu des années 80. De fil en aiguille, et surtout de cour de récré en colo, je remonte le filon jusqu'à AD&D auquel jouaient les "grands". Plus que le contenu des tomes, c'est encore une fois les visuels de couverture (Easley) qui me fascinent : un dragon rouge à la chasse aux pégases, Odin en furie, etc... Mais ma première véritable partie en tant que joueur se fera à la lumière vacillante d'une lampe torche, sous une tente, à l'Appel de Cthulhu !
Un peu plus tard, ma mère accepte de m'offrir la fameuse boîte rouge D&D, et, au bout de longs mois d'assimilation, j'organise enfin une partie à laquelle je convie mon camarade de classe d'alors, Grégoire Laakmann. Ce sera un fiasco mémorable (même lui en parle dans sa fiche) et reportera à quelques années mes tentatives suivantes.
Dans le même temps, je découvre le magazine Casus Belli et ses fabuleux illustrateurs réguliers ou occasionnels : Ségur, Larnoy, Sorel, Ledroit, Blanchard et tant d'autres... Gribouillant (pas très bien) dans mon coin, ces illustrateurs, aux côtés d'artistes de comics, influenceront mon univers imaginaire et me donneront une furieuse envie de continuer dans cette voie.
Parallèlement, je m'essaie à l'écriture de scénarii, tout est encore très basique, mais je fais partie des gagnants du concours CB "un scénario/une page", ce qui me vaudra un coup de fil de Pierre Rosenthal ("euh, désolé, mais la poste a perdu votre cadeau : un pin's du Barbare déchaîné"), premier contact improbable avec les "coulisses du jdr" mais ô combien gratifiant pour le jeune ado que je suis alors...
L'avènement des années 90 sera aussi celui d'une période faste en pratique de jdr : trois à quatre parties par semaine, du AD&D à foison, Cyberpunk en veux-tu, en voilà, des crêpes, des parents un peu inquiets, des tables de jeu stigmatisées au cutter, un club monté en vitesse ("Mange ta soupe mon hobbit, tu deviendras grand") et presque aussitôt délaissé au profit de chambres bien chauffées, et puis Vampire, et donc Bradstreet !
Et puis, peu à peu, le groupe de jeu se délite, les études supérieures prennent plus de temps, j'intègre l'ENSAAMA (école d'Arts Appliqués Olivier de Serres) où je suis, entre autres, les cours précieux du dessinateur et auteur de BD, Jean-Christophe Chauzy.
En parallèle, je fonde et deviens le chanteur du groupe de trash KOBAL (on est rôliste ou on l'est pas !) qui démarre alors plutôt bien. C'est d'ailleurs en "designant" les pochettes et logos du groupe que je me familiarise avec l'outil numérique (Photoshop), ce qui m'amènera à travailler avec quelques groupes, à l'époque underground, comme The Old Dead Tree (CD autoprod "The Blossom").
Toute fin des années 90, comme une envie subite, je décide un soir d'organiser une partie de Vampire avec des amis musiciens. L'expérience est concluante et renouvelée, puis, début 2000, j'en profite pour inviter mes vieux copains, dont Grégoire Laakmann, qui à l'époque fait ses premières armes chez Multisim.
Peu après le split de mon groupe, Grégoire habitué à me voir gribouiller pendant les parties d'Agone qu'il maîtrise, me propose de participer en tant qu'illustrateur au fanzine Vision Ka. Je mets donc pour la première fois mon trait au service d'un pitch. L'expérience est concluante et je rempile pour les numéros suivants.
En véritable éminence grise, Grégoire, encore lui, montre en secret certains de mes dessins à Sébastien Célerin alors responsable de gamme chez Multisim, qui accepte de me rencontrer et me confie la tâche de concevoir, d'une part, les plans d'une basilique pour Eclat de Sang de la gamme Agone et de l'autre les illustrations du scénario CB "Hasta Siempre" pour Rétrofutur, ce qui sera aussi ma première collaboration avec Raphaël Bardas, son auteur.
Puis s'ensuivent deux années un peu creuses, je suis au chômage un moment, je n'ai pas de commandes, je continue néanmoins sur Vision Ka. Et puis finalement, c'est quand on les attend le moins que les choses se produisent.
Après avoir retrouvé un boulot, je pense à raccrocher les gants niveau dessin, mais conscient de n'avoir pas jusqu'ici repoussé mes limites, je décide de voir en grand et d'aborder mes illus pour Vision Ka de manière pro, et ça paie. Claude Guéant, des Héritiers de Babel, m'embarque alors dans le projet Nephilim : Initiation et me confie, outre une partie des illus intérieures, la réalisation de l'écran de jeu. Ce dernier recevra un accueil partagé sur certains forums, mais la machine est lancée.
Raphaël Bardas recrute alors des illustrateurs pour le jeu AmnesYa 2K51 du Studio Deadcrows. Je le contacte et lui propose mes services, qu'il accepte. Outre une flopée d'illus me permettant d'aboutir un peu plus mon approche graphique, ce sera aussi l'occasion de voir comment évolue l'écriture d'un jeu, et dans esprit d'échange et d'écoute, d'apporter mes propres suggestions et commentaires. AmnesYa me voit aussi débuter modestement en tant qu'auteur à l'occasion d'un petit encadré...
Voilà où j'en suis.
Je m'apprête à poursuivre mon travail sur la gamme AmnesYa, je bosse en tant que graphiste la journée, j'écris à l'occasion sur le webzine musical www.e-zic.com et il se pourrait bien que je passe bientôt par la case BD en compagnie d'un célèbre activiste du jdr amateur (projet top secret pour l'instant).
Mes inspirations graphiques viennent essentiellement du comic américain et du jdr : Miller, Mignola, Maleev, Hampton, Van Fleet, Sienkiewitz, Mac Kean, Bradstreet... du cinéma : Coppola (Rumbling Fish !), Alan Parker (Angel Heart !), Ridley et Tony Scott, les frères Quay...
Mes techniques font essentiellement appel à la photo et à l'outil informatique, j'associe d'ailleurs plus volontiers mes illustrations à du graphisme qu'à du dessin proprement dit, même s'il m'arrive encore de peindre ou de dessiner à main levée.
Cette bio a été rédigée entre le 8 mai 2000 et le 8 mai 2009. Dernière mise à jour le 12 novembre 2009.