… et il y eut le Jeux & Stratégie n°18 de novembre 1982 qui, entre deux énigmes chiffrées, un programme pour ma TI57, un labyrinthe (ma partie préférée) et un exercice de tarot, publiait un article de Michel Brassine et Dider Guiserix intitulé « Donjons & Dragons et les autres jeux de rôle ». Ouh ! Mais késako ? On y causait d’orcs, de nains, de guerriers elfes, d’explorations, de trésors. Un copain venait de me faire découvrir Tolkien. À la MJC de mon bled de banlieue sévissait une dangereuse zélatrice, Anne Vétillard. À Noël j’étais l’heureux possesseur de la première version du basic set, la boîte bleue de Holmes. J’avais 14 ans et le virus était irrémédiablement inoculé.
Vinrent rapidement et en vrac, AD&D, l’Appel de Cthulhu, MERP et les superbes cartes éditées par I.C.E., l’inénarrable Rolemaster, Warhammer rpg, dix kilos de figurines, MEGA et enfin, crème de la crème, Simulacres de Pierre Rosenthal, à qui je voue toujours une vénération sans bornes.
L’amour m’ayant détourné quelque temps du JdR, j’échappai aux années Vampire.
Mon boulot et une vie parisienne me ramenèrent à mes premières passions et à un club formidable, celui des Créateurs de Rêves de Montmartre. Celui-ci vit mes premières créations d’amateur : Contes à rebours, un supplément de voyage dans le temps pour Simulacres qui figura, ô fierté, une semaine dans la vitrine de l’Œuf Cube* ; Rapido, un jeu med-fan sur une page recto-verso inspiré d’une idée géniale d’Henry Etcheverry, et Eléments, un autre jeu med-fan avec un système à base de 2d6.
A partir de 2000, ma progéniture, plusieurs années à l’étranger et la découverte des MMO, mirent de nouveau le JdR entre parenthèses jusqu’en 2008 à mon retour en France.
Mon ami Xipehuz me fit découvrir des jeux pour les gens qui n’ont plus le temps de se farcir des règles vendues au kilo, ce qu’une tentative malheureuse avec Pathfinder m’avait vite fait comprendre.
On Mighty Thews, le Comité pour l’Exploration des Mystères et d’autres jeux dits « narratifs » firent mon bonheur jusqu’en novembre 2011 où un pote nous proposa de jouer au kit de démo de Dungeon World.
Un séisme de magnitude 9,5 dans mon échelle rôlistique m’amena, l’air de rien, à traduire et publier les 400 et quelques pages de l’édition définitive, avec l’aide précieuse de quatre gars formidables pour les monstres (Kobal, Maxime Moraine, The Judge et Virgile Malaquin). Ce fut d’abord en édition pdf amateure entre 2013 et 2014, puis en 2016 en version arbre mort chez l’éditeur 500 Nuances de Geek (ex-Narrativiste). Cela me donna l’occasion de travailler avec des illustrateurs mythiques comme Russ Nicholson (à qui je voue aussi un culte) et Earl Geier, et des auteurs plus récents, Nate Marcel et Guillaume Czakow.
Depuis, j’ai publié un micro jeu propulsé par l’apocalypse, en une page recto-verso, The Agents, sur le thème d’une agence gouvernementale traitant de phénomènes paranormaux et d’activités extraterrestres. C’est le premier de mes jeux dont je suis vraiment content. Il tourne bien et fait ce qu’on lui demande.
Je travaille lentement mais sûrement à un hack de Dungeon World, plus proche encore de l’ambiance de mes premières parties de jeu de rôle.
Trente-cinq et quelques années plus tard, le virus est toujours là.
* Fierté ô combien renouvelée quand Pierre Rosenthal montra sa collection de Fanzines où figurait ma modeste production.
Cette bio a été rédigée le 15 août 2016. Dernière mise à jour le 10 janvier 2018.