J’ai découvert le jeu de rôle en 1982 lorsqu’un ami, avec qui je partageais un job d’étudiant, me montra la feuille de son perso : un clerc de AD&D. Je fus tellement bluffé que je participai à mon premier jeu la semaine suivante... et que je n’ai presque jamais arrêté depuis.
Graphiste de formation, j’ai tout de suite eu en tête de me trouver une place dans ce tout petit milieu. J’ai commencé par maquetter quelques numéros du magazine Tatou pour Oriflam, à mi-temps avec un job de scénariste-régisseur pour murder-parties professionnelles. Puis en 85, j’ai rencontré Môssieur Didier Guiserix qui m’a confié le logo de Casus Belli, quelques têtes de rubrique à dessiner avant de m’accueillir un peu plus tard dans la rédaction comme maquettiste à plein temps. J’y suis resté de 1989 à 1999, mettant en page les numéros et les hors-séries, participant aux réunions de rédaction, proposant de temps en temps des articles ou des scénarios, jouant souvent le rôle de « pitbull » pour que le magazine sorte à l’heure. On a même dit que j’avais derrière mon bureau une « liste noire » des collaborateurs à éviter. C’est vrai.
Etant un tantinet boulimique question taff, tout cela ne m’empêchait pas de faire quelques incursions ailleurs : deux ou trois dessins de plateaux de jeux ou de cartographies pour Asmodée, quelques articles et illustrations pour Guildes chez Multisim...
Ce fut une belle période pour moi, et ce furent des années de développement intense pour le JdR, car même si nous restions marginaux, l’imaginaire que développaient les passionnés faisait merveille dans les écoles d’ingé et ailleurs. On en retrouve les traces aujourd’hui avec tous ces décideurs en poste qui ont biberonné au JdR ou chez plein de gens de talent comme Alexandre Astier ou Maxime Chattam. Mais ça, c’était avant que ne surgisse une certaine affaire à Carpentras, montée en épingle par une journaliste racoleuse, avant que ne déboule Magic et le pouvoir du marketing, que nous pratiquions peu, avant que l’évolution des technologies internet ne développe les jeux massivement multijoueurs.
J’ai plein de super souvenirs de cette période : des nuits complètes de jeux mémorables, beaucoup de rires et parfois quelques larmes, de vraies amitiés nées au cours d’une halte à Arkham ou d’un mouillage à La Tortue. Mais le plus beau d’entre eux reste d’avoir été rédac'chef du hors-série n°2 de CB, compilant les articles parus d’une de nos créations maison : la ville de Laelith, que je connaissais bien pour y avoir mené une campagne perso de deux ans, avec une table de huit joueurs, vivant dans cinq villes différentes, nous poussant à nous accueillir les uns les autres à tour de rôle.
A la fermeture de Casus première génération en 99, j’ai professionnellement quitté le milieu du jeu pour retourner bosser dans ceux de la Com. Sans trop de joie, histoire de bouffer. Mais le virus allait me reprendre plus tard et un peu par hasard, d’abord avec la mise en page du jeu D-Start pour Matagot, puis en répondant positivement à la proposition de Black Book Editions de prendre en charge la gestion de leur projet de colossale réédition de Laelith. Pouvais-je refuser ? Plus de vingt co-auteurs, une quinzaine d’illustrateurs, des centaines d'heures de taff pour un bébé qui fera au final plus de mille pages ! Un vrai bonheur ! Car en plus de gérer tout ce petit monde et d’impulser les grandes directions d'écriture, j’ai moi-même rédigé quelques pages, dessiné la carte officielle de la ville (un rêve de jeunesse !) et conçu un livret spécial sur une petite rue... dont j’ai réalisé les dix maisons en diorama.
Un dernier baroud d’honneur pour moi dans le JdR ? Ben non... Car comme un pied-de-nez du destin, j’ai enchaîné sur un peu de soutien organisationnel pour la nouvelle mouture de Mega chez Leha Editions, avec Môssieur Guiserix, mon ex-rédac’chef ! A ce jour (juillet 2018), je ne sais pas ce que l’avenir me réserve mais peut-être vais-je redevenir de nouveau « professionnel du jeu » à plein temps ! Je ne pourrais pas rêver mieux.
Questions loisirs ludiques, j’ai beaucoup, beaucoup pratiqué au XXe siècle ! Sur des dizaines de gammes différentes : AdC, Rêve de Dragon, INS-MV, Paranoïa, Warhammer, Nephilim, Guildes, les jeux Casus (Simulacres, Enigma, l’excellent jeu de pirates Capitaine Vaudou), etc. Et avec énormément de monde, dont pas mal de potes du milieu du jeu : Fred, Mathias, Didier, Agnès, André, Pierre, Marc, Philippe... Et je ne compte pas les parties enfiévrées de CarWars, de Supergang, de Full Metal Planet, les play-tests de La vallée des mammouths, les Starcrafts et autres balbutiements du jeu vidéo.
Après une période moins active entre 2005 et 2015, je joue et/ou maîtrise à nouveau plus régulièrement : Tales from the Loop, Hurlements, Capitaine Vaudou (toujours) et Laelith, bien sûr, motorisé sous Chroniques Oubliées Fantasy. Pour le moment, je maîtrise sur deux tables et je suis joueur dans une autre. Et même si le rythme hebdomadaire que j’ai longtemps pratiqué n’est plus tenable, le plaisir partagé est toujours là !
Une citation pour finir : "L’art lave notre âme de la poussière du quotidien." Pablo Picasso
Egalement, les intéressés trouveront une interview de l'auteur de 5 pages dans le Casus N°20 de BBE.
Cette bio a été rédigée le 11 octobre 2009. Dernière mise à jour le 29 avril 2021.